Prédication du 19 octobre, « Il ne restera pas pierre sur pierre ». Parole de Jésus au sortir du Temple. « Tout sera détruit ».

 

 

« Il ne restera pas pierre sur pierre ». Parole de Jésus au sortir du Temple. « Tout sera détruit », par Jean-François Ramelet, pasteur

 

J’en conviens, ce n’est pas forcément ce que l’on 

aimerait entendre à la veille du 20 octobre, où ici 

même, demain l’on commémorera, jour pour jour 

les 750ans de la consécration de la cathédrale.

 

Les lausannois faisaient-ils allusion à ces paroles 

de Jésus lorsque dans les années 80, ils 

scandaient « rasez la cathédrale, qu'on voie le 

CHUV ! » 

 

Il est vrai qu’un temple peut en cacher un autre.

 

La silhouette de la cathédrale est emblématique 

de la capitale vaudoise.

Et nous sommes toutes et tous attachés à ce 

monument gothique le plus visité de Suisse et 

reconnu loin à la ronde pour son style et sa 

beauté.

 

Dans un monde en crise, où l’on se plaît à 

déconstruire, à démolir, à casser, la cathédrale 

rassure, elle a traversé les siècles.

 

Dressée sur l’éperon rocheux de la Cité, la 

cathédrale veille sur la ville.

On la sait là.

On la salue de loin.

 

A Jérusalem, aussi, le Temple rassure.

C’est l’un des plus grands édifices religieux de 

l’antiquité.

Il a été détruit, reconstruit, embelli.

Situé au sommet du Mont Moria, l’esplanade du 

Temple domine la vallée du Cédron, comme ici, 

la cathédrale domine le Flon.

 

Après la Réforme, on a appellera la cathédrale 

le « grand temple », ou « le temple de la Cité ».

 

Un temple peut en cacher un autre.

 

La Cathédrale de Lausanne a fait vœux de 

stabilité.

On pensait aussi cela du Temple de Jérusalem.

 

Mais il fut rasé en l’an 70 par les armées de 

Titus.

Jésus avait vu juste.

Bien qu’il soit un signe de l’Éternité, le Temple de 

Jérusalem n’en demeure pas moins périssable.

« Il ne restera pas pierre sur pierre ».

 

J’ai tout de suite pensé à ce passage de 

l’évangile en découvrant les peintures d’Eric 

Martinet lorsque nous avons visité son atelier au 

début de l’été.

Et vous imaginez bien pourquoi.

 

Les coulures si caractéristiques du travail de 

l’artiste, donnent ici l’impression que les ogives, 

les voûtes, les contreforts tout ce qui contribue à 

la solidité de l’édifice paraît se liquéfier, à 

l’image des glaciers de nos alpes que l’on croyait 

éternel, comme les neiges d’antan et qui 

disparaissent presque à vue d’œil.

 

Accrochées aux cimaises de la cathédrale, les 

peintures de Martinet évoquent des boules 

de glace qui en plein été dégoulinent de leur 

cornet.

 

Il faut en convenir, bien qu’elle évoque la 

permanence dans un monde en perpétuel 

mutation, la cathédrale est bel et bien de 

l’ordre du relatif.

 

De chantiers en chantiers – on ravale les 

façades ; on lutte contre les ravages du temps. 

La molasse s’effrite et les portails subissent les 

aléas de la pluie et de la pollution.

 

Dans l’histoire du peuple d’Israël et de sa foi, le 

Temple a toujours occupé et joué un rôle central.

L’histoire du Temple va être associé à des hauts 

faits et des grandes figures de l’histoire d’Israël.

 

David va le rêver, Salomon le bâtir.

Nabuchodonosor le détruire et Cyrus autoriser sa 

reconstrution.

Hérode l’aggrandir et l’embellir. 

C’est le temple d’Hérode que Jésus quitte et dont 

il annonce la destruction prochaine.

 

La vie du peuple d’Israël n’a cessé de graviter 

autour du Temple qui pulsait au gré du culte et 

des sacrifices.

La vie du Temple rythmait le calendrier, les 

heures quotidiennes des habitants de Jérusalem.

Comme les cloches des cathédrales ou de nos 

églises qui martelaient les heures dans nos villes 

et nos villages alors que personne n’avait encore 

une horloge chez lui.

Et pourtant le temple de Jérusalem a toujours été 

un facteur de tensions religieuses.

Nombreux sont les prophètes qui n’ont cessé de 

dénoncer vigoureusement la fausse sécurité que 

pouvaient procurer les sacrifices et les 

pélerinages, lorsqu’ils prenaient le pas sur les 

devoirs de droiture et de justice.

 

Pour une large part, Jésus s’inscrit à la suite des 

prophètes dans cette tradition critique du temple 

et des sacrifices.

 

Certes les évangiles nous présentent Jésus 

fréquentant quelques fois le temple mais ces 

épisodes sont plutôt rare, eu égard à 

l’importance de l’édifice.

 

Jésus n’était pas un prêtre, ni un lévite.

Il était plutôt l’homme des chemins et des ruelles 

bruyantes des villes et des villages qu’il aimait 

traverser. 

Et lorsque Jésus se retirait pour se tenir devant 

Dieu, il choisissait plutôt le désert, la montagne 

ou le lac, que le parvis du temple.

 

Je me souviens qu’adolescent, le pasteur de 

ma paroisse nous accueillait au culte en disant : 

« bienvenue dans la maison de Dieu ».

 

Je n’ai jamais fait mienne cette salutation.

 

Je crois que l’incarnation, par laquelle Dieu se 

reconnaît en Jésus, implique son déménagement, 

son déplacement, son exode.

 

Dieu existe en sortant de lui-même ; c’est le sens 

même du mot « exister » : « se tenir hors de ».

Dieu se tient hors de Dieu et hors des lieux où on 

aime à l’assigner à résidence.

 

Non seulement Dieu n’est plus à chercher dans 

les cieux, mais il désire faire de nous sa demeure.

 

Notre être intérieur, voilà la demeure à laquelle 

Dieu aspire.

J’aimerai que l’on entre dans les cathédrales, les 

églises, les chapelles, pour se rendre disponible 

à cette prière que le Christ qui adresse un jour à 

Zachée à Jéricho et qui résonne jusqu’ici : 

 

« il me faut aujourd'hui demeurer 

dans ta maison. »

 

Ici, entre les murs de la cathédrale, pour qui a 

l’ouïe fine, nous pouvons entendre le Christ 

frapper à notre porte.

 

Ici nous pouvons entendre la Parole de ce Dieu 

qui désire demeurer en nous.

 

Ici nous entendons la Parole de Dieu qui nous 

élargit, nous libère ...

 

Tu as fait sortir ton peuple 

Du pays de la servitude

Et tu l’as libéré de ses oppresseurs

Et de ses idoles

Pour qu’il te reconnaisse

comme le Dieu qui s’est penché vers lui.

 

Dans le désert, ton peuple a dressé une tente pour toi,

Et, depuis, l’homme a toujours cherché à t’assigner à résidence,

Il t’a bâti un Temple majestueux à Jérusalem

Des chapelles, des églises et des cathédrales

Toutes plus belles les unes que les autres.

Mais Seigneur !

Le temple que tu as habité

A été le corps torturé et crucifié d’un Galiléen

Toujours en chemin

Connu sous un prénom ordinaire : Jésus, 

Yeshouah.

 

Depuis qu’il a cheminé parmi nous

Et que son Esprit nous entraîne à sa suite 

Nous croyons que tu destines tout homme à

Devenir ta demeure.

 

Aussi, nous t’en prions, allège nos cœurs

Renouvelle notre foi

Pour que notre vie soit une liturgie

Une reconnaissance, un chant 

Qui célèbre sans fin

Ton amour pour tout être humain.

 

Je crois que le Dieu de Jésus-Christ, n’a jamais investi dans la pierre, même en temps de crise, mais dans l’humain.

 

Amen

Matthieu 24,1-3

1Jésus était sorti du temple et s'en allait. Ses disciples s'avancèrent pour lui faire remarquer les constructions du temple. 2Prenant la parole, il leur dit : « Vous voyez tout cela, n'est-ce pas ? En vérité, je vous le déclare, il ne restera pas ici pierre sur pierre : tout sera détruit. » 3Comme il était assis, au mont des Oliviers, les disciples s'avancèrent vers lui, à l'écart, et lui dirent : « Dis-nous quand cela arrivera, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde. »

 

1 Corinthiens 3,16-17

16Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? 17Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est saint, et ce temple, c'est vous.