Prédication de Noël, 25 décembre 2020

Face à ce « je ne pense qu’au vide (COVID) qui nous sépare », en ce Noël, avec le Christ et malgré tout, nous pouvons dire : « je ne pense qu’au plein qui nous unit ».
D'après Jean 1: 1 à 18 et Colossiens 1: 12 à 20
Qui l’eût cru, l’an passé, ou les Noëls précédents, dans une grande agitation, nous passions notre temps à courir les magasins, à planifier nos voyages, à faire nos plans de carrière, à, il faut bien le dire s’étourdir un peu grisés par une civilisation de la vitesse ? Qui l’eût cru que cette année 2020, nous en soyons où nous en sommes ? Inquiets, apeurés, isolés, déstabilisés, affolés parfois.
Qui l’eût cru qu’en cette cathédrale nous en soyons à limiter l’accès alors que la remplir était plutôt le problème !
Comment se fait-il qu’une si petite particule microscopique (un aérosol) parvienne à ralentir considérablement le rythme de la terre entière. Comment se fait-il que ce virus qui cause de nombreux dégâts à la santé et anticipe certaines fins de vies, que ce virus semble provoquer plus de dégâts collatéraux que son action lui-même sur la santé : destruction d’emplois, faillites en séries, précarisation des précaires ? (et encore, dans nos latitudes, nous sommes relativement épargnés (en tous cas pour le moment).
Comment fêter Noël alors que nos contacts sociaux sont si limités ? Comment célébrer le Christ alors que le monde semble s’enfoncer dans une crise dont personne ne peut prédire encore l’issue ?
Quelle parole dire quel discours prononcer, comment oser prendre la parole alors qu’on ne sait plus qui croire et à qui faire confiance ?
 
C’est ce que nous allons tenter de faire. Comment ? En nous adressant au Livre, en ouvrant le Livre… il a encore quelques cordes à son arc !
 
Se tourner vers le LIVRE !
 
D’aucuns auront peut-être été surpris du choix des textes de ce matin. En toute logique on attendrait le joli et très oriental récit de Marie, Joseph, l’enfant, les bergers et les mages à la crèche, or voici que notre liste de lectures nous invite à méditer le très théologique prologue de Jean au quel j’ai adjoint son pendant dans les épitres, le fameux et tout autant théologique hymne des Colossiens.
Eh oui, si en temps « normal » on peut broder sur l’esthétique ou le développement personnel, dans les temps que nous vivons, il est bon de prendre les choses de manière un peu plus fondamentale.
 
Prologue de Jean donc.
 
Ça commence très tôt (si on peut dire) Jean ouvre son évangile par les mots : « au commencement » Ce mot rappelle évidemment la Genèse, et il serait plus juste de traduire par « dans le principe » à l’origine absolue « Était le verbe ». Nous autres protestants avons l’habitude de traduire le mot « logos » par « parole », mais il vaudrait mieux garder le mot logos. On le connait, il signifie discours et raison chez les grecs, et parole et acte chez les juifs. Une manière d’exprimer le mot sagesse qui est ici repris pour désigner le Christ, le Fils de Dieu.
Pourquoi commencer si haut dans le temps, avant même le temps ? direz-vous ? 
Parce que le Christ est en Dieu si je puis dire lors de la création. Avec l’Esprit, qui plane sur les eaux, le Christ crée l’Univers : « tout fut par lui ». Qu’est-il ? simplement : « La Vie » et la vie : « la lumière des hommes » Et l’on sait que la lumière est la condition pour que la vie advienne. Notons au passage l’immense symbolique de la date de Noël, le solstice d’hiver qui matérialise ce passage de la nuit au jour, des ténèbres à la lumière
 

  1. 9, « Le verbe, la parole, le logos, le Christ était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme »

 
Pour quel effet « à ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu
 
Et vient ici le fameux mot : « Et le verbe fut chair » Verbum caro. Le centre du centre de la foi chrétienne
 
« et il a habité parmi nous »
 
Pour quel effet ? « De sa plénitude en effet, nous avons reçu grâces sur grâces, et il nous révèle qui est Dieu ! « Personne n’a jamais vu Dieu ; le fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé ».
 
Le texte de Colossiens complète celui de Jean, en redit la substance, la complète par ci par là, il vaut la peine de le réentendre.
 
Que voit-on en résumé ?
Que le Christ, s’il est l’enfant de la crèche n’est pas que cela. Il est infiniment plus. Il préexiste de tous temps. Avec le Père et l’Esprit, il co-crèe l’univers et le maintient. Il est la lumière, il est la Vie. Il pardonne les péchés : (nous donne toujours une nouvelle chance !)  Il se crée un peuple pour le servir et servir le monde : l’Eglise. Il vise une plénitude pour tous et toutes, sur la terre et dans les cieux. Quel programme, mes amis, quel programme !
 
Que pouvons nous en faire ?
 
Un petit jeu de mot communiqué par un collègue peut nous aider à intégrer l’Evangile de ce jour. Ce jeu de mots a été vu, écrit à la craie sur le goudron d’une de nos places : « je ne pense qu’au vide (COVID) qui nous sépare.
 
Et c’est bien la réalité. On l’a assez mentionné au début de cette prédication : séparés, confinés, esseulé, rejetés, appauvris, meurtris, fatigués, endeuillés…
 

  1. Face à ce « je ne pense qu’au vide (COVID) qui nous sépare », en ce Noël, avec le Christ et malgré tout, nous pouvons dire : « je ne pense qu’au plein qui nous unit ». Le message de Noël raconté par Jean et Paul nous le dit en ce jour : dès le principe, dès le commencement, de toujours jusqu’à toujours, je suis avec toi.

 

  1. Au lieu de ne penser qu’au vide et au ténèbres qui nous séparent : le Christ nous rappelle qu’il fit briller la lumière et fait naître la vie, une vie qui n’est pas seulement un fonctionnement mécanique et matériel, biologique, mais possibilité d’une plénitude. Le Christ est venu pour que nous ayons la vie et la vie en abondance !

 

  1. Au lieu de ne penser qu’au vide qui nous sépare de ce Dieu invisible qui nous parait souvent absent et terriblement silencieux, je ne pense qu’au plein de ce Christ qui nous montre le Père…

 

  1. Au lieu de ne penser qu’au vide qui me sépare de moi, à mes échecs, mes erreurs, mon mal être, qui me sépare de mes amis, je pense au plein de ce Christ qui m’a arraché au pouvoir des ténèbres et transféré dans le royaume du Fils de son amour.

 

  1. Au lieu de ne penser qu’au vide que me sépare de la nature et de ses beautés, je ne pense qu’au plein de ce créateur qui, Père Fils et Esprit saint, a fait toutes choses et maintient toutes choses pour le bonheur et la joie de toutes les créatures… Et à sa suite, je m’engage aussi à la préserver et œuvrer pour la justice, la paix et la sauvegarde de la création

 

  1. Au lieu de ne penser qu’au vide qui nous éloigne les uns des autres, je pense à l’Eglise, peuple de Dieu dont le Christ est le chef, potentiel lieu de fraternité et de partage et je m’engage à la faire vivre pour le bien de tous surtout des plus pauvres…

 

  1. Au lieu de ne penser qu’au vide qui nous sépare …. Je vous laisse maintenant continuer la liste !

Chacun sait ce qu’il peut y mettre !  AMEN