Prédication de la Réformation, "Le sacerdoce universel, c'est quoi cet ovni?"

DIMANCHE 2 novembre 2025

Le sacerdoce universel, c’est quoi cet ovni ? par Jean-François Ramelet, pasteur

 

On est tous prêtres !

 

C’est une des convictions fortes de la Réforme.

 

Une conviction qui a changé et bouleversé, non

seulement l’Église, mais la structure même de la 

société en Europe à la fin du Moyen-Âge.

 

Tous prêtres !

Que cette conviction ait suscité tant d’enthousiasme

et tant d’élan nous étonne, aujourd’hui.

 

Tous prêtres !

Dis comme ça, franchement, ce n’est pas très 

attractif !

Qui rêve aujourd’hui d’être prêtre ?

 

Jadis quand on était gamin, on rêvait d’être pilote 

d’avion.

Conducteur ou conductrice de locomotive. Astronaute, architecte, footballeur ou footballeuse.

Homme ou femme politique.

 

Mais prêtre ? Qui rêve encore d’être prêtre !

Mais qu’a donc voulu dire Luther ?

 

D’abord il faut rappeler que Luther n’a rien inventé 

… rien !

 

Luther, commentateur de la Bible, a été marqué par 

la lecture de ce passage de l’épître de Pierre que 

nous venons d’entendre.

 

Vous-mêmes, comme des pierres vivantes, entrez dans la construction de la Maison habitée par l’Esprit, pour constituer une sainte communauté sacerdotale,

 

Tous prêtres, en théologie protestante, on appelle 

cela le « sacerdoce universel ».

 

Le sacerdoce universel, c’est quoi cet ovni ?

 

Cette expression semble venir tout droit du patois de 

Canaan, vous savez, ce jargon en voie de 

disparition, qui n’est plus aujourd’hui parlé et 

compris qu’en Église.

Sacerdoce … c’est un mot pour quelques initiés.

 

Initié !

C’est le mot qui convient.

 

Car un prêtre, c’est un initié.

 

Quelqu’un qui connaît plein de mots très compliqués.

De formules alambiquées.

De gestes codifiés, de rites ancestraux qu’il maîtrise 

pour assurer le lien ultime, le lien suprême.

Le lien qui unit Dieu et l’homme.

 

L’extrait baroque, du livre des Lévitiques lu tout à 

l’heure, en est la parfaite illustration.

 

L’homme s’est toujours donné des prêtres, ou plutôt 

faudrait-il dire, que l’homme a toujours pensé que 

Dieu avait besoin sur terre d’un personnel non 

seulement hautement qualifié, mais aussi un 

personnel réservé, exclusif à son service.

 

La vocation de prêtre ne pouvait donc pas être 

confiée au premier venu.

Il fallait qu’il soit agréé et par Dieu et par les 

humains.

 

Dans toutes les religions et sagesse du monde, il 

y a eu des prêtres.

Des médiateurs du sacré, on les appelle prêtres ou 

sorciers, chamans ou pythies, marabouts ou 

féticheurs chargés de commercer au sens noble et 

moins noble du terme avec Dieu, ou les dieux ou les 

esprits.

 

Quel que soit leur nom, ces médiateurs divins sont 

des êtres particuliers.

Leur élection divine les place, si ce n’est au-dessus, 

du moins à part du commun des mortels.

 

De tous temps ces médiateurs divins ont été à la fois 

vénérés, admirés et redoutés.

Ils savent des choses que l’on ne sait pas.

Ils connaissent des gestes dont ils sont les seuls à 

détenir les secrets.

___________

Au Temple de Jérusalem, il y avait une armada de 

Prêtres, de la tribu de Lévi.

Des descendants d’Aaron, le premier prêtre, le frère 

de Moïse.

 

Au Temple de Jérusalem, les prêtres, les 

« kohanim », se relayaient 24 heures sur 24.

7 jours sur 7.

A toute heure du jour, à toute heure de la nuit.

 

Les horaires de bureau ne conviennent pas au 

service divin.

Dieu demande une disponibilité sans faille.

Un service permanent.

On ne peut pas être prêtre par intermittence, à 

temps partiel.

 

De tous temps.

En tous lieux … l’humain s’est donné des prêtres 

pour assurer le lien entre l’homme et Dieu entre 

l’homme et ses dieux !

 

De tous temps … sauf !

Sauf, au début de notre ère, dans quelques villes et 

bourgades du Proche-Orient … et d’Asie-Mineur et 

d’Europe.

A Damas, à Antioche, à Corinthe, à Rome, là où 

quelques étranges petites communautés se

réunissaient au nom d’un certain Jésus de Nazareth.

Les premières communautés chrétiennes vivaient leur 

relation à Dieu sans prêtre, sans temple, sans Église, 

sans cathédrale.

 

Faut-il rappeler que Jésus n’était pas prêtre.

Qu’il n’a pas créé une religion.

Ni des règles, ni de codes alimentaires ou 

vestimentaires pour se tenir en toute conformité face 

à Dieu.

 

Derrière lui, il n’a laissé presque rien.

Justes quelques paroles et des paraboles.

Quelques signes : le pain au creux de la main.

Le vin partagé.

L’eau du baptême.

 

Aussi lorsqu’une communauté se rassemblait, elle le 

faisait de préférence dans la maison d’une 

personne aisée, dont la demeure était suffisamment

grande pour l’accueillir.

Là on y partageait une parole et le repas du 

Seigneur, sans l’intermédiaire d’un prêtre.

 

L’apôtre Paul, lorsqu’il cite les ministères, ne nomme 

pas celui de prêtre.

 

Ce n’est qu’à la fin du 2ème siècle que l’Église 

instaurera le ministère du prêtre.

A cette époque, l’Église a besoin de s’organiser, 

de se hiérarchiser, de mettre en place des structures 

d’autorité.

 

Les modèles dont elle va s’inspirer sont ceux de 

l’empire et celui du Temple de Jérusalem et de 

sacrificateurs.

 

L’Église va alors reproduire des schémas ancestraux 

en ordonnant des prêtres, des intermédiaires sacrés.

 

Le dispositif a été un succès. Très vite, le simple 

croyant, le baptisé ne pourra pas imaginer 

sa relation à Dieu sans l’intermédiaire d’un prêtre.

 

C’est ce monopole de l’accès à Dieu que Luther va 

dénoncer en proclamant : « on est tous prêtres ! »

 

Rendre présent Dieu dans le monde.

Faire le lien entre Dieu et l’homme.

Servir Dieu n’était désormais plus une tâche réservée 

à quelques-uns, mais une vocation adressée à 

tous les baptisés, sans distinction, qu’ils soient homme ou femme.

 

Pour illustrer ce renversement, Luther va jouer sur les mots.

Le mot :  Beruf … la profession et le mot 

« berüfung » l’appel, la vocation.

 

Que vous soyez boulanger, mère de famille, artisan, 

savetier, juge, prince, soldat, paysan, vous avez – 

par le baptême - reçu vocation de rendre 

gloire à Dieu, notamment en accomplissant votre 

métier.

La vocation de faire le lien entre Dieu et l’homme et 

de lui rendre gloire à Dieu est celle de tous les 

baptisés.

 

Autrement dit la nôtre.

Ici, aujourd’hui.

Nous sommes tous prêtres.

 

Dire que nous sommes tous prêtres, c’est dire que 

Dieu a déposé en nous sa Parole de réconciliation et 

qu’il nous a appelés à être des ouvriers de 

réconciliation.

 

Dire que nous sommes tous prêtres, c’est dire que 

Dieu a déposé en nous sa parole de grâce et qu’il 

nous a appelés à être des ambassadeurs de sa 

grâce.

 

Dire que nous sommes tous prêtres, c’est dire que 

Dieu nous donne à toutes et tous la mission de bénir.

 

 

Tous prêtres disaient Luther !

Je ne sais pas si ça fait rêver.

Mais cela va changer notre manière de nous tenir 

devant Dieu.

 

Et cette conviction va aussi dire quelque chose 

d’essentiel de Dieu :

Dieu n’a pas besoin d’un personnel initié à son 

service.

Il appelle chaque baptisé à la suite du Christ !

 

Autrement dit : 

la joie de Dieu est de n’être rien sans toi, ni moi, 

ni vous, ni nous.

 

Amen

 

 

Lévitique 4,1-12

 

1Le SEIGNEUR adressa la parole à Moïse : 2« Parle ainsi aux fils d’Israël : Quand on pèche par mégarde contre l’un de tous les commandements négatifs du SEIGNEUR et qu’on viole un seul d’entre eux :

3Si c’est le prêtre consacré par l’onction qui pèche et qui par là même rend le peuple coupable, il présente au SEIGNEUR, en raison du péché qu’il a commis, un taureau sans défaut, en sacrifice pour le péché ; 4il amène le taureau à l’entrée de la tente de la rencontre, devant le SEIGNEUR ; il impose la main sur la tête du taureau et il égorge le taureau devant le SEIGNEUR ; 5le prêtre consacré par l’onction prend du sang du taureau et l’amène à la tente de la rencontre ; 6le prêtre trempe son doigt dans le sang et, de ce sang, devant le SEIGNEUR, il asperge sept fois le côté visible du voile du lieu saint ; 7puis le prêtre met de ce sang sur les cornes de l’autel du parfum aromatique, qui se trouve dans la tente de la rencontre, devant le SEIGNEUR, et il déverse tout le reste du sang du taureau à la base de l’autel de l’holocauste qui est à l’entrée de la tente de la rencontre. 8Toutes les parties grasses du taureau sacrifié pour le péché, il les prélève : la graisse qui enveloppe les entrailles, toute celle qui est au-dessus des entrailles 9et les deux rognons avec la graisse qui y adhère ainsi qu’aux lombes – quant au lobe du foie, il le détache en plus des rognons – 10tout comme ces mêmes parties sont prélevées du taureau du sacrifice de paix ; puis le prêtre les fait fumer sur l’autel de l’holocauste. 11La peau du taureau, toute sa chair, y compris la tête et les pattes, les entrailles et la fiente, 12en un mot, tout le reste du taureau, il le fait porter hors du camp, dans un endroit pur, là où l’on déverse les cendres grasses, et il le brûle sur un feu de bûches ; c’est à l’endroit où l’on déverse les cendres grasses qu’il est brûlé.

 

 

2 corinthiens 5,18-20

18Tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. 19Car de toute façon, c’était Dieu qui en Christ réconciliait le monde avec lui-même, ne mettant pas leurs fautes au compte des hommes, et mettant en nous la parole de réconciliation. 20C’est au nom du Christ que nous sommes en ambassade, et par nous, c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu. 

 

1 pierre 2,1-5

4Approchez-vous du Seigneur, pierre vivante,

rejetée par les hommes

mais choisie et précieuse devant Dieu.

5Vous-mêmes, comme des pierres vivantes,

entrez dans la construction de la Maison habitée par l’Esprit,

pour constituer une sainte communauté sacerdotale,

pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ.