Culte des pèlerinages, témoignage de Magali Weiss

J'avais perdu la joie de vivre; j'avais perdu la foi.
Le chemin m'a aidée à retrouver la Foi et à vivre avec résilience, même si les douleurs se rappellent à moi.

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 Témoignage – Pèlerinage à St-Jacques 

Je suis membre de l’Association des amis du chemin de St-Jacques depuis 1999, date à laquelle je suis partie sur le chemin. Par contre, j’ai le sentiment d’être devenue pèlerine en 2017 lors de mon arrivée à Santiago de Compostelle. 

Je vais partager avec vous ce cheminement qui m’a amené à transformer ma perception de la vie afin de ne plus en subir les aléas, pour mieux les accepter et les transcender. 

Entre 2004, date de mon arrêt des marches, et 2017 date de reprise du pèlerinage, il y a eu 13 ans, 13 années de galère : deuil de plusieurs membres de ma famille dont mes parents, mon frère, différents échecs et surtout des fortes douleurs abdominales pendant une année, suivies d’une hospitalisation, douleurs devenant par la suite chroniques. Tous mes efforts et démarches pour guérir n’apportaient peu ou pas de résultats, la seule issue selon les médecins était des anti-douleurs à vie. Cette seule perspective me faisait encore plus déprimer. 

Bref en résumé, malgré un mari aimant, deux beaux enfants et une vie matérielle tout à fait agréable, j’avais perdu la joie de vivre et je peux le dire maintenant, j’avais perdu la Foi. 

En 2016, je commençais à avoir une pensée tenace dans ma tête : je dois finir le chemin, je dois aller à Santiago. Mais impossible de marcher plus d’une heure par jour tellement les douleurs étaient handicapantes. Finalement après 6 mois de préparation, j’ai pris avec Pierre, mon mari, la direction de Lourdes où nous avons fait une halte avant de partir sur le chemin d’Arles pour atteindre Urdos et le col du Somport en car. 

Pierre a toujours été a mes côtés sur le chemin et il a voulu m’accompagner pour la première semaine sur le parcours aragonais. Ensuite, à moi de faire le reste, c’est-à-dire entre 4 et 6 semaines de 2 

marche pour arriver à Santiago. J’en ai mis 6 en marchant tous les jours entre 15 et 25 km. 

Pour le pèlerin qui a fait le chemin, ce que je vais vous dire n’est pas un secret ni une surprise, mais il est important de rappeler que le Ciel nous envoie de l’aide quand il y a une demande sincère. 

C’est ce qui m’est arrivé tout le long de mon cheminement. En premier lieu, j’ai souhaité rencontrer une personne pouvant me donner confiance en ma route, afin d’éviter de me perdre, et j’ai rencontré Joël, un adorable Monsieur avec qui j’ai partagé le chemin pendant une semaine environ. Le temps nécessaire pour que je prenne conscience qu’en fait c’était moi qui le guidait. 

Parfois St-Jacques nous envoie de l’aide sans qu’on le demande. Mon sac était beaucoup trop lourd, avec trop de choses inutiles. Je rencontre lors de mes premières journées de marche, Wei Wei, une chinoise. Tout de suite, elle me montre son sac, quasi rien dedans ! Elle me guide afin d’avoir un bon équipement avec juste le nécessaire. Encore merci Wei-Wei, je dois penser à toi plus souvent quand je prépare mon sac, j’ai encore et toujours trop de choses. 

Le plus impressionnant a été ma forme physique. J’ai pu marcher sans problème, manger de tout sans avoir mal au ventre. Mon corps était au mieux de sa forme, plus je marchais et mieux je me portais, aucune douleur. 

Chaque jour je ne voyais autour de moi que la beauté du chemin, le soleil, les oiseaux, les gens sympathiques. A aucun moment j’ai souffert, même si j’ai eu des petits bobos. J’adaptais ma journée de marche en conséquence. 

Au fil des jours et des rencontres, je suis arrivée à Santiago. Nous étions 5 filles devant la Cathédrale. Elles ont sauté de joie, crié, pleuré, moi j’ai pris les photos et souris à leur bonheur, en moi rien de tout ça. 3 

Je revois encore la Cathédrale grise sous ses échafaudages, la place vide (c’était l’heure de la sieste). Tout en moi et autour de moi était triste. J’attendais un miracle, un rayon de soleil, ce soleil qui avait illuminé mes jours depuis le début de mon périple. Rien, absolument rien de tout cela ne s’est passé. J’ai salué mes copines et suis partie de mon côté, ne voulant pas faire la fête, car je n’avais rien à fêter. 

Le soir dans mon lit, j’ai soudain compris le message de ce cheminement. J’ai vu au fond de moi, le néant, le vide, mais pas n’importe quel vide, le vide créateur, la VACUITE, permettant à toute chose d’émerger, la puissance de la création émergeant du néant. Magnifique vision d’une beauté sans pareille. 

Ce fut pour moi une révélation, je passais de l’état de victime immature à celui de cocréatrice de ma vie, capable de réinventer ma façon d’appréhender mon chemin sur terre afin d’être en harmonie avec moi-même, afin d’être authentique pour accéder au pouvoir d’auto guérison. 

J’avais réussi pendant 6 semaines à ne voir que le beau autour de moi, rencontrer que des belles personnes, retrouver un corps sans douleur. Et maintenant je savais que ce miracle je pouvais le garder et même le créer. 

Actuellement je peux affirmer que le chemin m’a aidée à retrouver la Foi et à vivre avec résilience, même si les douleurs se rappellent à moi. Je me suis mise aux services de l’Association des Amis et j’en suis très heureuse, car je peux redonner un peu de ce que j’ai reçu. 

Magali / 23.01.22