Prédication du 5 mai, Parlez-moi d'amour 1/2, All you need is love 🎵🎶

All you need is love 🎵🎶 

 

Que n’a-t-on pas dit au sujet de l’amour ?

 

Les plus belles choses.

Tout et son contraire.

Un certain nombre de niaiseries, aussi. Et en la matière, les chrétiens ne sont pas en reste.

 

L’amour, il est central dans le christianisme. Parce que Jésus en a fait le coeur de sa vie, le coeur de son action.

 

Mais lorsque Jésus parle de l’amour, lorsqu’il le pratique, lorsqu’il l’ordonne, cela n’a rien à voir avec de la guimauve.

Il ne s’agit pas de sentimentalisme.

Dans la majorité des cas, il ne s’agit même pas d’un sentiment. Et c’est pareil dans toute la bible. Quand l’amour est évoqué, ce n’est que rarement pour décrire un sentiment…

 

… Et pourtant, nombre de chrétiennes, de chrétiens, ont des discours sentimentalistes sur l’amour. Prônant une sorte de pseudo gentillesse universelle. Encourageant l’acceptation de tout ce qui advient avec une humeur égale.

 

Quand ils ou elles lisent « si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre joue », ils entendent qu’il vaut mieux subir une humiliation supplémentaire que de riposter à un coup parce que l’absence de riposte a quelque chose de noble.

 

La non-violence est essentielle. Mais ce n’est pas ce dont Jésus parle ici.

 

Quand ils ou elles lisent « aimez vos ennemis », ils comprennent qu’il faut avoir un grand cœur. Faire preuve… de charité chrétienne.

 

Or, ça n’a rien à voir avec ce que Jésus dit à ce moment.

 

L’amour prôné par Jésus est un amour exigeant. Mais cet amour n’en appelle pas tant à notre cœur qu’à notre volonté. Et c’est pour cela, qu’en s’inscrivant dans la droite ligne de la tradition juive qui l’a vu grandir, Jésus fait de l’amour un commandement.

 

« Voici le commandement, les lois et les coutumes que le SEIGNEUR votre Dieu a ordonné de vous apprendre…Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force. »

« Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

 

Nous ne commandons pas nos sentiments. L’amour de Dieu, celui du prochain, est bel et bien un impératif. Le signe qu’on ne parle pas tout à fait de la même chose.

 

Aimer Dieu de tout son cœur, de tout son être, de toute sa force. C’est l’aimer avec la totalité, de ce qui nous façonne.

  • Avec le cœur.

Dans la pensée hébraïque, le cœur est le siège de la raison. Aimer Dieu avec sa raison. Dans la même ligne, certains écrits du Nouveau testament ordonnent d’aimer Dieu avec son intelligence, avec sa capacité de raisonner. Ce n’est donc pas un amour aveugle.

  • Aimer Dieu avec son être.

Le mot hébreu qui est traduit par « être » נֶפֶשׁ, c’est parfois le siège des émotions, celui de la passion. Ce qui modère mes précédents propos.

Mais dans les Écritures, pour la majorité des cas, c’est un élan qui s’empare de notre être intérieur et qui nous fait tendre vers ce qui a un caractère absolu. C’est la posture par excellence de l’humain qui se tient face à Dieu, qui attend sa parole, qui entend sa parole, et qui s’efforce de la mettre en pratique.

  • La force, c’est le potentiel de chacun. Tout ce dont je suis capable, physiquement, mentalement, psychiquement.

 

Entre la raison, le désir d’absolu, les potentialités, John Lennon avait raison: All you need is love, There’is nothing you can do that can’t be done. There’is no one you can save that can’t be saved. Il n’y a rien que tu puisses faire qui ne puisse être fait. Il n’y a personne que tu puisses sauver qui ne puisse être sauvé.

 

Tel est l’amour requis par Dieu au moment précis où il s’adresse au peuple d’Israël pour conclure avec lui une nouvelle alliance, prélude à l’entrée en terre promise. Fais ce que tu peux faire. Sauve qui tu peux sauver.

 

Si on se penche maintenant sur les mots de Paul dans son épître aux Romains, mais d’autres passages auraient convenu, on est dans un registre analogue.

 

« Ne rendez pas le mal pour le mal… Laissez à Dieu le souci d’une éventuelle vengeance. « Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire. »

 

Ainsi décrit, l’amour pour notre ennemi (le terme est fort mais s’il vous dérange, vous saurez le remplacez en fonction de ce que vous avez expérimenté, de ce que vous expérimentez dans vos vies), l’amour pour notre ennemi ne se traduit pas dans des sentiments à son égard, mais dans notre capacité à mettre nos sentiments de côté pour assurer ses besoins vitaux. Peu importe que je l’aime sentimentalement, s’il a besoin de quelque chose, je me dois de le lui donner !

 

Et cette dynamique du don désintéressé nous conduit tout droit au récit de l’évangile. Où Jésus reprend et développe le commandement d’amour.

 

Je reviens ce matin sur une seule phrase : « Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime. »

 

Comme on connaît déjà toute l’histoire de Jésus au moment où nous lisons ces mots, nous les relisons évidemment à l’aune de sa Passion.

 

Et de ce fait, pendant longtemps, la seule lecture qui en a été proposée, était une lecture sacrificielle. Aller jusqu’à donner sa vie pour les autres.

 

Jésus a renoncé à sa vie. Il a accepté la mort. Pour ceux qu’il aimait. Par extension, pour vous, pour moi, pour l’humanité. Sacrifice suprême.

 

On peut lire ces mots ainsi. C’est légitime. Mais ça ne dit pas tout et ça n’évite pas quelques questions.

 

Notamment la compréhension du « pour ». Jésus est mort pour nous mais pas à notre place. Ça veut dire quoi ? Et puis comment comprendre sa mort pour ses proches quand on sait que ses proches ont été en danger de mort pour avoir partagé quelques années de sa vie ?

 

Dans les faits, cette traduction « Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime. » ne rend qu’à moitié hommage au texte.

 

Littéralement, il faudrait lire « Nul n’a d’amour plus grand que de placer son âme au-dessus de ceux qu’il aime. »

 

Placer son âme au-dessus de ceux que l’on aime. Petit décryptage.

 

L’âme n’est pas à comprendre ici comme une partie de l’être humain. Par exemple, ce qui demeure de nous après notre mort physique.

 

Elle n’est pas non plus cette parcelle divine, cet éclat de Dieu, en chacune et chacun.

 

Placer son âme…

… Le mot grec utilisé dans l’évangile, ψυχή , est la traduction du mot hébreu qu’on a lu dans le Deutéronome נֶפֶשׁ. Aimer Dieu de tout son être.

 

Notre âme, qui est à placer au-dessus de ceux que nous aimons, c’est donc cet élan qui s’empare de nous au plus profond et qui nous fait tendre vers ce qui a un caractère absolu. C’est cette posture de l’humain qui se tient face à Dieu, qui attend sa parole, qui entend sa parole, et qui s’efforce de la mettre en pratique.

 

Il n’y a pas de plus grand amour que cela. Ce désir d’une vie en plénitude qui nous tend vers Dieu et que l’on suscite, que l’on déploie, auprès de nos prochains.

 

Voilà qui change la perspective.

Il ne s’agit pas de mourir pour les autres, mais de les éveiller à la vie. 

 

Et je crois que c’est vrai.

Il n’y a pas de plus grand amour que de déposer au-dessus de ceux que j’aime, le désir de rechercher le beau, le bon, le juste, l’absolu, l’ultime.

 

Il n’y a pas de plus grand amour que de mettre mes sentiments de côté pour assurer les besoins vitaux d’autrui, même quand autrui n’est pas mon ami.

 

Il n’y a pas de plus grand amour que de creuser la soif de vivre au plus profond de celles et ceux qui broient du noir.

 

Il n’y a pas de plus grand amour que de stimuler la faim de Dieu chez tous ceux qui sont en quête de sens.

 

Il n’y a pas de plus grand amour que de susciter la capacité de s’émerveiller. Parce que aussi sûr qu’il y a toujours de quoi désespérer, il y a toujours de quoi s’émerveiller, de quoi rendre grâce.

 

Il n’y a pas de plus grand amour que tout cela. All you need is love…

 

  • Lecture de Deutéronome 6 : 1 + 4 à 5

Voici le commandement, les lois et les coutumes que le SEIGNEUR votre Dieu a ordonné de vous apprendre à mettre en pratique dans le pays où vous allez passer pour en prendre possession :

ÉCOUTE, Israël ! Le SEIGNEUR notre Dieu est le SEIGNEUR UN. Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force. 

 

  • Lecture de Romains 12 : 17 à 20

Ne rendez à personne le mal pour le mal ; ayez à cœur de faire le bien devant tous les hommes. S’il est possible, pour autant que cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes. Ne vous vengez pas vous-mêmes, mes bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : A moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur. 

Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire, car, ce faisant, tu amasseras des charbons ardents sur sa tête. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien.

 

  • Lecture de Jean 15 : 9 à 17

Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. 

Si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme, en observant les commandements de mon Père, je demeure dans son amour.

« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. 

Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. 

Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime. 

Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. 

Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur reste dans l’ignorance de ce que fait son maître ; je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître. 

Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et institués pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure : si bien que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera. 

Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres.